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Article: Interview – Manon S., Biologiste Marin

Écologie

Interview – Manon S., Biologiste Marin

Coraux

 Industrie cosmétique & environnement marin

Manon S. est biologiste marin spécialisée en vulgarisation des connaissances scientifiques. Passionnée par le milieu marin depuis ses premiers voyages autour du monde, nous avons échangé au sujet de l’impact écologique de l’industrie cosmétique sur l’environnement et particulièrement sur les écosystèmes marins.

Peux-tu présenter et expliquer ta profession ?
Je suis biologiste marin, je travaille particulièrement dans ce qui est gouvernance d’aires marines protégées, c’est-à-dire tout ce qui est mise en place de plans de gestion pour les écosystèmes. Mon travail est de compiler les données disponibles sur l’état de santé des écosystèmes : j’étudie l’état écologique, les impacts potentiels de certaines pollutions chimiques sur les espèces marines sur le court et le long terme, si des espèces animales subissent une pression ; et enfin j’analyse à quel moment il faudrait intervenir et de quelle façon.

Pourquoi as-tu choisi ce métier ?
J’ai toujours adoré le milieu marin. Pendant mes voyages avec mes parents, j’ai souvent fait du snorkeling (observation les fonds marins à la nage avec palmes et tuba). J’ai alors eu envie de comprendre comment fonctionne cet environnement et aussi de le protéger. Ce milieu est si fragile étant donné sa mécanique mondiale complexe. Une fois cet équilibre perturbé, l’impact est énorme et il est difficile d’y remédier.

Tu vivais en métropole, pourquoi as-tu fait le choix de vivre en Polynésie ?
C’était une évidence, j’ai eu la sensation d’être au bon endroit au bon moment.

 

« J’ai mis du temps à comprendre que les actions individuelles avaient de réelles conséquences positives sur l’environnement. »

 

Aujourd’hui quelles sont tes principales missions dans ton travail ?
Je travaille en collaboration avec le territoire : je les appuis sur la mise en place de plans de gestions des espaces marins et côtiers. On y étudie ce qui est en danger, ce qu’il faut protéger, puis on décide du plan d’action. C’est un travail énorme mais tellement intéressant !

Pourrais-tu dater ta prise de conscience écologique ?

Pas vraiment. Ma mère a toujours eu ce feeling avec la nature dont j’ai sûrement hérité ; j’ai aussi passé une partie de ma vie à la campagne. Je dirai que ma prise de conscience a été progressive. J’ai toujours eu une certaine sensibilité par rapport à l’environnement, mais il y a des choses dont j’ai mis longtemps à prendre conscience. Je n’ai pas changé d’un coup mon mode vie, j’ai mis du temps à comprendre que les actions individuelles avaient de réelles conséquences positives sur l’environnement. Par exemple, les déchets, c’est une réelle problématique dont je n’avais jamais apporté une si grande importance, avant je les triais seulement. J’ai pris une claque depuis que je vis à Tahiti : sur une île, on voit que les déchets sont enterrés sous la terre depuis des années, contrairement à la France métropolitaine ou cette gestion est beaucoup moins visible. J’ai donc commencé à consommer de façon à tendre vers le zéro déchet depuis que je vis en Polynésie.

Comment gères-tu le zéro déchet ?
J’utilise un maximum de produits solides, et je n’utilise pas de crèmes hydratantes : le climat est assez humide pour maintenir la peau hydratée naturellement.

 

« L’océan est en fait le réceptacle de tout ce que l’on utilise sur terre. »

 

Quel est aujourd’hui, selon toi, l’impact le plus nocif de l’industrie cosmétique sur la biodiversité marine ?
La plus grosse problématique, ce sont certains filtres chimiques des crèmes solaires : ils engendrent du stress chez le corail, le phénomène s’appelle le blanchissement corallien. C’est prouvé scientifiquement. C’est en plus aggravé par la hausse des températures causés par le réchauffement climatique. À Hawaï, par exemple, ils ont interdit à la vente les crèmes solaires contenant dans leur formule des ingrédients chimiques susceptibles de fragiliser les coraux.

L’autre gros sujet sont les microbilles plastiques dans les produits à rincer (souvent présents dans les produits exfoliants), c’est une catastrophe écologique. Heureusement, c’est désormais interdit dans les cosmétiques à rincer depuis 2018 et c’est prévu pour 2022 dans les produits d’entretien. Le plastique, quoi qu’il arrive est un macro-déchet, il va se fragmenter en de millions de nano morceaux à cause du soleil, de la mer et d’autres paramètres. Ces microbilles plastiques présentes dans les formules des produits ne sont pas prises en charge par les stations d’épurations, elles arrivent telles quelles dans les milieux naturels.

Le problème c’est que ce micro plastique s’accumule dans certaines zones des océans, on appelle ça les « continents de plastique » : c’est une énorme zone présente au centre de chaque océan, où les courants se rejoignent et où l’on retrouve une forte concentration de nano plastiques. Il va mettre des milliers d’années à se dégrader, et c’est un grave problème pour l’ensemble de la chaîne alimentaire marine. La quantité de plastiques dans les océans est telle que ces plastiques sont ingérés par l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire.

L’effet domino commence avec les bactéries, qui sont la base de la chaîne alimentaire : ensuite absolument tout est contaminé. Le plastique se retrouve aussi dans l’organisme des poissons : ça peut modifier leur physiologie et la manière dont leur corps fonctionne ; ça peut abîmer leurs branchies et leur créer des problèmes respiratoires, ça peut aussi se retrouver dans leur estomac et ne jamais être éliminé, etc. In fine, ces molécules et particules de plastiques se retrouvent dans nos assiettes.

Certains tensioactifs issus de la pétrochimie empoisonnent également le plancton.

L’océan est en fait le réceptacle de tout ce que l’on utilise sur terre.

Constates-tu des progrès de la part des marques dans le développement des produits solaire ou à rincer ?
Je trouve qu’avec les problématiques de plus en plus fréquentes d’allergies par exemple, il y a davantage de choix dans la catégorie des cosmétiques naturelles ; plus de personnes prennent l’initiative d’en fabriquer et de les commercialiser, ce qui est une bonne chose. Concernant les marques existantes, je constate aussi du progrès. Quelques marques se mettent à développer au moins un produit bio dans leur gamme, même les grands groupes, ça va plutôt dans le bon sens.

 

« L’effet domino commence avec les bactéries, qui sont la base de la chaîne alimentaire : ensuite absolument tout est lié. »

 

Quelle est l’urgence en termes de critères à prendre en compte pour le développement d’un produit cosmétique selon toi ?
Je pense que cela dépend du pays où il est commercialisé. En Polynésie, je dirai par exemple que c’est le contenant la priorité, parce qu’il y a une réelle problématique urgente au niveau de la gestion des déchets. Ailleurs, je privilégierai la compatibilité des ingrédients de la formule avec l’environnement.

Quel sujet en cosmétique selon toi aurait besoin d’une « Clarification » ?
Les ingrédients. De la transparence et de la vulgarisation. Les noms latins, c’est rarement compréhensible. J’aimerai plus d’explication de la part des marques au sujet de l’impact qu’ont chaque ingrédient de leur produit (sur la peau et l’environnement), ainsi que leur action et leur utilité dans la formule. Dans la même idée que les applications de notation de produits, qui renseignent de façon détaillée les spécificités des ingrédients.

Qu’est-ce qui te plait dans la marque Clarification ?
Les listes d’ingrédients minimalistes, l’explication de la fonction de chaque ingrédient mise à disposition sur le site internet et les contenants recyclables sans plastique.

Qu’évoque le mot « Clarification » pour toi ?
« Explication ».

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