Industrie cosmétique : l’enjeu des emballages
Le poids de l’industrie cosmétique dans les emballages en France est de 4 %*1.
L’hygiène-beauté représente 5 % des emballages ménagers en plastique. Au sein de cette filière, le plastique représente 44 % du poids total des solutions mises sur le marché, soit 55 000 tonnes de résine annuelles, car c’est un matériau résistant, léger et peu coûteux à produire.
Le plastique à usage unique, biosourcé ou pas, est encore trop peu recyclé en France et dans le monde et il n’est pas recyclable à l’infini. Les conséquences écologiques de la production d’emballages et particulièrement de plastique, tous secteurs confondus sont nombreuses. Il est urgent pour préserver l’environnement de trouver des solutions pour :
- Se passer le plus possible de plastique
- En produire moins
- Éviter à tout prix de le rejeter dans l'environnement.
L’ÉTAT DES LIEUX EN QUELQUES CHIFFRES
- Chaque année, 147 millions de bouteilles de shampoing seraient jetées rien qu’en France.
- Dans l'UE, plus de 50 millions de tonnes de plastiques sont utilisées chaque année. Plus de 25 millions de tonnes de déchets plastiques sont collectées chaque année, mais moins d'un tiers est recyclé.
- 82 % des Français souhaitent acheter moins de produits en emballage plastique*2.
- Seulement 49 % des utilisateurs de produits cosmétiques assurent trier leurs emballages dans leur salle de bains*3.
- Un foyer français jette en moyenne 4 kg de déchets plastiques par an rien que pour ses produits d’hygiène-beauté.
- 67% des Français estiment être mal informés sur les bénéfices du tri pour l’environnement.
LES PROBLÉMATIQUES
- Le suremballage. Exemples :
- Le plastique autour du capuchon ou du couvercle de certains cosmétiques
- Certains packagings secondaires non essentiels
- Des emballages complexes multi matériaux pour l’industrie du luxe
- Les emballages du type blister, polybags
- En e-commerce, la non-optimisation d’espace dans les cartons, l’excès de papiers de calage et de goodies marketing (échantillons offerts, stickers promotionnelles…).
- La surconsommation. Exemples de comportements :
- Ne pas attendre de terminer un produit pour en acheter un autre.
- Le gaspillage : les produits jetés sans être terminés (raisons diverses : date de péremption passée, produit décevant, réactions allergiques…).
- Les limites des centres de tri
- Les consommateurs ne trient pas assez
3 Français sur 4 ont des doutes au moment de trier leurs emballages et les principales raisons pour lesquelles il leur arrive de ne pas trier sont liées à la mauvaise connaissance ou compréhension de la consigne.
CONSÉQUENCES
- Depuis 2015, plus de 6,9 milliards de tonnes de déchets plastique ont été produites. Environ 9 % ont été recyclés, 12 % ont été incinérés et 79 % ont été accumulé dans des décharges ou dans la nature.
- Le plastique a de graves impacts négatifs sur la faune et la flore marine.
- Selon les chercheurs si nous continuons à ce rythme-là, d’ici 2050, nous trouverons plus de plastique que de poissons dans les océans. L’invasion du plastique dans les océans sera irréversible.
- Nous avons produit de telles quantités de plastique, que nous pourrions en faire une feuille de cellophane dans laquelle nous pourrions envelopper une fois et demie la terre.
-
100 % des Français pourront trier tous leurs emballages et papiers d’ici 2022 *4
Même les emballages en plastique comme les : les films, les tubes, les barquettes…
- La simplification de la consigne de tri
- Si 89 % des Français trient, seulement la moitié le fait de façon systématique.
- Avec la simplification, ils auront moins de questions à se poser.
- Cette nouvelle consigne de tri, transmise aux entreprises le 27/09/2021, devrait permettre de récupérer 2 kilos de plastique en plus par an et par habitant *5.
- Continuer de moderniser les centres de tri pour :
- Mieux capter tous les plastiques
- Séparer plus facilement par type de résine
- Bien préparer tous les matériaux pour un recyclage de meilleure qualité
- Développer une économie circulaire :
La loi anti-gaspillage (ou loi AGEC) a été adoptée en janvier 2020 en France. Elle comprend un ensemble de mesures visant à lutter contre toutes les formes de gaspillage : ne plus utiliser de plastique jetable, avec la mise en place d’interdictions progressives pour arriver à une suppression totale d’ici 2040, apporter une meilleure information aux consommateurs, lutter contre l’obsolescence programmée et le gaspillage, favoriser le réemploi solidaire et mieux produire.
- Réduire l'usage du plastique dans les emballages
- La Fédération des entreprises de la beauté a lancé un plan d'actions avec Le « Plastick act », afin de réduire l'usage du plastique dans les emballages. Objectif : faire reculer de 15 % les quantités utilisées d'ici à 2025. La cosmétique représente environ 55.000 tonnes d’emballages, l’ambition est d'ici à 4 ans d'en supprimer 8.500 tonnes.
- Le "Green Deal", publié par l'UE en 2019, souligne entre autres la nécessité de mobiliser l'industrie pour parvenir à une économie circulaire et neutre sur le plan climatique d’ici 2050, axée sur les secteurs à forte intensité de ressources tels que le plastique.
- Augmenter l'utilisation de plastique recyclée
La Commission européenne a lancé en septembre 2019 la Circular Plastics Alliance : Elle regroupe une centaine d’organisations signataires qui représentent toute la chaîne de valeur du matériau plastique.
Son objectif : augmenter l'utilisation de matière recyclée dans tous les produits en plastique, jusqu'à 10 millions de tonnes d’ici 2025.
LES SOLUTIONS
1. L’économie circulaire
Abandonner l’économie linéaire (extraire des ressources, fabriquer, consommer, jeter après usage) et passer à une économie circulaire. Celle-ci repose sur :
- Préserver les ressources, l’environnement et la santé ;
- Favoriser le développement économique et industriel des territoires ;
- Limiter les déchets et réduire le gaspillage.
Par exemple :
- La fin du plastique à usage unique
Il faut dorénavant considérer le plastique comme une matière première précieuse, dont il ne faut plus se débarrasser.
Revenir aux systèmes de consignes pourrait aider à diminuer la production et la consommation d’emballages.
- L’écoconception
Intégrer au processus de développement de chaque emballage l’analyse de sa future empreinte environnementale sur l’ensemble des maillons de la chaîne (fabrication, transport, recyclage…) et travailler étroitement avec des éco-organismes, les fabricants d’emballages, les recycleurs, etc.
Exemples d’écoconception d’emballages :
- Éviter les multicouches et les éléments non séparables. Le mono-matériau se recycle plus facilement.
- Concevoir des emballages qui se désolidarisent facilement lorsqu’ils sont multi-matériaux pour rendre possible le recyclage.
- Utilisation de colles respectueuses de l’environnement, d’étiquettes 100 % végétales, biodégradables…
- Travailler des formules concentrées : En concentrant des formules de soins, il est possible de diminuer la taille du packaging et donc de diminuer la quantité de plastique ou autre matériau utilisé. La poudre par exemple permet des formules courtes concentrées en actifs, permettant des petits contenants très légers et compacts, à faible empreinte carbone : La Poudre Volume – Shampoing Sec mesure seulement 64 mm de haut par 45 mm de diamètre (contenance 35g, environ 23 utilisations soit une durée de 5-6 mois pour une application hebdomadaire).
- Penser aux solutions compactes d’emballage « airless », qui s’appuie sur l’isolation d’air pour protéger le produit des contaminations ou de l’oxydation.
- Réutiliser, réinventer
- Évolution des consignes de tri
L’extension des consignes de tri devrait participer à une meilleure collecte des plastiques de la salle de bains*6, car elles sont travaillées de façon à être les plus accessibles et compréhensibles possible. Les changements majeurs : la fin du pictogramme « Point vert » très souvent mal interprété par les consommateurs et l’officialisation du symbole « Triman. »
2. Les matériaux alternatifs au plastique
- L'aluminium et l’acier
- Sont des matériaux qui se recyclent indéfiniment.
- Sur 1000 kg d'aluminium collectés, on obtiendra après recyclage 586 kg d'aluminium recyclé que nous retrouverons dans des tondeuses à gazon, des radiateurs ou des semelles de fer à repasser.
- Sur 1000 kg d'acier collectés, on obtiendra après recyclage 860 kg d'acier recyclé qui sera utilisé pour fabriquer des chariots de supermarché, des boules de pétanque ou encore de nouvelles boîtes de conserve.
- Le carton/papier
- Le papier-carton se recycle jusqu’à 7 fois.
- Sur 1000 kg de papier-carton collectés, on obtiendra après recyclage 825 kg de papier-carton qui sera utilisé pour fabriquer du nouveau papier, des emballages ou encore des produits d’isolation pour les bâtiments.
- Inadapté aux formules fluides et liquides.
LES "FAUSSES BONNES IDÉES" DE SUBSTITUTION
- Le PET et PEHD, un plastique recyclé et recyclable
Avantages
- La production de ce matériau recyclé entraîne une réduction d'environ 90% des émissions de CO2.
- Sur 1000 kg de PET collectés, on obtiendra après recyclage 725 kg de PET recyclé qui sera utilisé pour fabriquer des fibres textiles, du rembourrage pour l’industrie automobile ou de nouvelles bouteilles.
- Sur 1000 kg de PEHD collectés, on obtiendra après recyclage 679 kg de PEHD recyclé qui sera utilisé pour fabriquer des tuyaux, du mobilier urbain ou de nouveaux emballages.
Inconvénients
- Les entreprises ont besoin d’une matière première entièrement traçable de qualité dite de « contact alimentaire », c’est-à-dire qui ne contamine pas le produit.
- Pour le moment, il n’y en a pas assez pour couvrir tous les besoins du marché.
- Le bois ou le bambou
Avantages
- C’est un matériau qui combine la préservation de la planète et la recyclabilité des emballages après leur utilisation.
- S’adapte aux produits de maquillage.
Inconvénients
Inadapté aux formules fluides et liquides.
- Le bioplastique ou plastique biosourcés
Avantages
- En plus des emballages en plastique recyclable et recyclé, les contenants en bioplastique se développent, réalisés à partir de matières premières végétales comme l'amidon de blé ou la fécule de pomme de terre. Certains sont compostables (ils pourront se mêler à la terre).
-
Les plastiques d'origine biosourcée ouvrent des perspectives intéressantes pour sortir du pétrole.
Good to know : biodégradable, compostable ou biosourcé ne veut pas dire sans danger pour la nature si l'emballage devient un déchet sauvage.
Inconvénients
- Ces plastiques biosourcés ne sont pas tous compostables (et inversement, certains plastiques d’origine fossile peuvent l'être). Il n'est pas toujours issu de l'agriculture biologique et regroupe plusieurs types de matériaux : des végétaux qui peuvent être pleins de pesticides et des matières biodégradables pouvant être issues du pétrole.
- L’emballage compostable n’est pas non plus, contrairement à ce qu’on pourrait penser, une solution pour lutter contre les déchets sauvages : il restera plusieurs années dans la nature.
- La contrainte réglementaire de traçabilité dite de qualité alimentaire. Il est essentiel que le plastique d’origine végétale puisse permettre la bonne conservation de la formule cosmétique.
- Cette alternative du végétal est intéressante mais ne doit pas concurrencer d’autres besoins de culture agricole (maïs, blé…), pour nourrir les humains ou les animaux.
- Le verre
Avantages
Se recycle indéfiniment.
Inconvénients
- Coûts de production élevée
- Le seul moyen de réduire le prix est de l'importer de l'étranger, ce qui a des conséquences sur l'empreinte carbone
- Fragile
- Dangereux sur le rebord de la baignoire
- Lourd (transport, empreinte carbone)
- Il faut chauffer le sable à plus de 1 500° C pour faire fondre le verre, et en 2100, il n’y aura selon les scientifiques plus assez de ressources en sable pour le produire.
-
Les écorecharges (doypack, sachet plastique souple…)
Avantage : Une écorecharge en sachet, c’est en général 70-80 % de plastique en moins qu’une bouteille de 250ml.
Inconvénient : Le problème est que, en fin de vie, ce sachet souple n’est pas (pour le moment) recyclé.
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Actuellement, seuls les flacons et les pots en polypropylène (PP), en polyéthylène (PE) et en polyéthylène téréphtalate (PET) sont recyclés. Ce sont les matières et les emballages les plus utilisés en hygiène-beauté, ce qui fait que, en poids, 80 % des emballages cosmétiques ont une filière de recyclage*7. Mais le plastique ne se recycle pas indéfiniment, et la totalité des consommateurs ne trient pas systématiquement. Si tout le monde tend à diminuer sa consommation de plastique dans sa salle de bain, l’impact sera énorme.
Faisons donc place à l’innovation afin d’utiliser les meilleures alternatives prenant en compte les facteurs qualité, sécurité et coût.
SOURCES (consultées le 09/07/2021)
*1 Sources Elipso, Fébea.
*2 Source : Kantar
*3 Source : Baromètre L’Oréal France - Harris Interactive 2018
*4, *5, *6, *7 Source : Citeo.
https://www.emballagesmagazine.com/hygiene-beaute/avec-son-plastic-act-la-febea-veut-verdir-les-emballages-de-la-beaute.64253
https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/le-secteur-des-cosmetiques-lance-son-plastic-act-132668
https://www.usinenouvelle.com/article/le-secteur-de-la-beaute-au-defi-d-un-emballage-plus-propre.N1020679
https://www.lsa-conso.fr/dossier-l-hygiene-beaute-s-attaque-aux-plastiques,329221
https://fr.euronews.com/next/2020/03/06/economie-circulaire-l-ue-mise-sur-les-emballages-plastiques-durables
https://www.febea.fr/fr/vos-produits-cosmetiques/environnement/parole-dexpert-virginie-denfert-repond-a-6-questions-le
https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-france-veut-reduire-de-20-les-emballages-plastiques-dici-a-2025-1312298
https://www.citeo.com/le-mag/emballages-en-plastiques-biosources-et-compostables-est-ce-la-solution/ (article consulté le 01/10/2021)
« Plastique partout ! Histoires de déchets » (Documentaire)